SAMU de Toulon - Centre Hospitalier Intercommunal de Toulon - La Seyne-sur-Mer - L'article du moment

L'article du moment

IDE Willy FORT

Willy FORT, infirmier au S.A.M.U 83 et titulaire du diplôme universitaire de  psychotraumatologie nous propose une analyse du stress en deux parties, la première nous explique les différentes phases du stress pouvant aboutir au stress adapté ou au stress dépassé et dans la seconde partie, il développe ce qui touche certaines victimes mais aussi les soignants :l'état de Stress post traumatique.

                                              1ère partie

Stress...ce mot, très au goût du jour, est un peu utilisé de manière excessive, parfois inadaptée, quand il n’est pas hors sujet... D’une manière générale on parle de stress pour un individu lorsqu’une situation donnée est perçue comme une menace pour son intégrité physique et/ou psychique.       

 

 LE STRESS EN 3 PHASES :

       Selon Hans SELYE (history of the stress concept, 1982) le stress peut être défini comme un syndrome général d’adaptation (SGA) à une exigence. Son modèle s’établit en trois phases : la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’absorption ou d’épuisement.       

1)    La phase d’alarme :

       Elle démarre au moment du « choc » et des premières réactions. C’est une phase passive de préparation à l’action. Prenons l’exemple d’un départ SMUR pour un motif à consonance anxiogène, classiquement, l’intervention exceptionnelle ou qui touche un enfant. L’activation du système nerveux autonome (SNA) sympathique va entrainer la libération des cathécolamines que sont l’adrénaline et la noradrénaline par les glandes médullo-surrénales. C’est alors que l’on va voir le rythme cardiaque s’accélérer progressivement. Ceci accompagne une augmentation simultanée du tonus musculaire. Il s’agit ici de la  réponse endocrinienne engendrant la sécrétion de cortisol par les cortico-surrénales. Il y a alors stimulation de la néoglucogénèse hépatique et donc libération de glucose dans l’organisme. En fait, cette période correspond au moment où l’organisme mobilise ses ressources pour faire face à l’«agression».

 

2)    La phase de résistance :

       C’est le moment où les réactions de défense de l’individu augmentent vis-à-vis de l’évènement stresseur. Alors se produisent une adaptation physiologique face à l’évènement d’une part mais aussi une inversion de la majorité des symptômes de la première phase d’autre part. C’est le moment où nous arrivons sur l’intervention et où nous nous focalisons sur la tâche. Nous avons donc quitté la réponse émotionnelle pour la réponse comportementale.

       Sur le plan neurobiologique il s’agit du traitement de l’information sensorielle par la voie thalamo-cortico-amygdalienne (la plus longue).

       Comme le précise le Dr SALMONA, (http://memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/origine-et-mecanismes.html#titre32-3) , « cette voie va permettre d’affiner, de moduler et d’atténuer l’activation de l’amygdale ». Par la suite, cette intervention sera « enregistrée » dans l’hippocampe comme une expérience complétant ainsi cette banque de données.

       L’organisme entrera dans la troisième phase si l’exposition aux agents stresseurs se poursuit en durée et en intensité.

 

3)    La phase d’épuisement ou d’absorption :

       Elle correspond au moment où les ressources intérieures sont épuisées. L’individu perd toutes ses capacités de résistance au stress. Une brèche s’ouvre, l’individu devient vulnérable et peut rapidement sombrer dans un état de défaillance psychologique.

       C’est ainsi que vont apparaître les premiers symptômes du stress tels que : l’angoisse, la dépression, les insomnies, une fatigue inhabituelle, et des troubles somatiques fonctionnels et organiques divers (troubles digestifs, troubles cardio-vasculaires, migraine…)…

 

 LE STRESS ADAPTE :

       Si les processus cognitifs sont conservés et contiennent les symptômes, le stress est dit «adapté». C’est une réaction utile, focalisatrice d’attention, mobilisatrice de ressources physique et incitatrice à l’action bien qu’elle soit coûteuse en énergie. Elle nécessite en temps de récupération qui varie selon chacun. C’est cependant, la répétition de cette exposition au stress qui peut aboutir à un épuisement professionnel (burn out) et remettre en cause l’efficacité du travail effectué.

 

 LE STRESS DEPASSE :

       A l’inverse du stress adapté, l’individu un peu « dépassé par les évènements», va perdre toute son efficacité et peut devenir dans le cadre de professions de soins aux personnes par exemple, un danger potentiel pour ses patients.

       En fait, dans ce cas, les symptômes débordent les fonctions utiles du moi, notamment quand le stress est trop intense et unique (traumatisme type I), prolongé ou répété (traumatisme type II). C’est ainsi que vont apparaître les signes caractéristiques suivants : la sidération, l’agitation, la fuite panique ou des comportements automates

 

                                        2ème partie 

 

L’ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE (ESPT):

 

            T. BIGOT (JEHEL, LOPEZ et al.), 2006, décrit le traumatisme psychique comme un événement soudain, mais parfois répété, qui agresse et/ou menace l’intégrité physique et psychique de la victime. Les défenses psychiques sont débordées. Ce qui caractérise le trauma c’est une image du réel de la mort.

            Cette effraction psychique empêche le rétro-contrôle de l’amygdale (qui reste activée) par la voie thalamo-cortico-amygdalienne. M. SALMONA parle de survoltage de l’amygdale qui peut entrainer un risque vital. Il va donc falloir une «disjonction» du circuit de la réponse émotionnelle. Parfois salvatrice, elle aura lieu sous l’impulsion de neuromédiateurs tels que les endorphines par exemple.

            Le traumatisme est alors traité par le cortex associatif, sans connotation émotionnelle, sans souffrance physique ou psychique, c’est la dissociation.

            Il y a une amnésie traumatique et cette déconnexion amygdale-hippocampe empêche tout enregistrement de l’expérience et de la charge émotionnelle rattachée, c’est la mémoire traumatique (AFP/Al-Halabi)

            En tant que réactions immédiates, la dissociation péritraumatique et la détresse péritraumatique sont des facteurs de risques avérés de complications psychotraumatiques. A partir de 2 jours et jusqu’à un mois on parlera d’état de stress aigu. Le syndrome de répétition (rêves, flashback, pensées,…) est caractéristique et est un des critères du DSM IV validant l’état de stress aigu. Le Dr SALMONA parle ici d’informations «fantômes» transmises par une amygdale hypersensible au cortex.

On retrouve aussi un évitement des stimuli qui activeraient cette amygdale vulnérable et qui éveillerait la mémoire traumatique, des symptômes anxieux, une hyperactivation neurovégétative (troubles du sommeil, difficultés de concentration,…).

En cas d’échec de ces conduites d’évitement, une amygdale réactivée reproduira la même sidération, le même état de stress dépassé et le même risque vital qu’au cours de l’événement traumatique.

Comme le précise T. BIGOT, la particularité de ce diagnostic tient à la présence de symptômes dissociatifs péritraumatiques. L. JEHEL,2001, précise que cette dissociation est décrite par les victimes dans les termes suivants :

  • irréalité,
  • impression de vivre l’événement comme un film,
  • blocage de la pensée,
  • impression de ne plus savoir qui l’on est (dépersonnalisation) et/ou de ne plus reconnaître l’environnement (déréalisation),
  • sensation de transformation corporelle ou de fonctionner comme un robot avec l’impression de se regarder agir, comme s’il s’agissait d’une autre personne,
  • errance, perte de tous les repères, absence de réponse émotionnelle, perplexité, hébétude et détachement, incapacité de se souvenir de tout ou partie de l’événement.

            Au delà d’un mois on ne parle plus d’état de stress aigu mais d’ESPT constitué. Le risque étant la chronicisation de l’ESPT. Néanmoins, il ne faut pas négliger une certaine phase de latence possible entre l’événement et la survenue de la névrose traumatique. Pour certains auteurs il s’agirait d’une tentative d’assimilation du traumatisme. Ce temps de latence passé certaines réactions en lien avec le traumatisme vont soudainement apparaître parfois déclenchées par un autre traumatisme. C’est un ESPT différé.

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